Réunis sous la houlette de Cécile Eghbal & Caroline Fourgeaud-Laville

Les lampadophores étaient, dans l’antiquité, les jeunes porteurs de torche (φορεῖν : porter + λαμπάς : flambeau) lors des cérémonies religieuses mais aussi, et surtout, ils étaient ceux qui donnaient le signal du départ en élevant une torche lors des courses aux flambeaux.

Les lampadophores de notre association, portent l’étincelle grecque en eux, cette passion de la langue et de la civilisation, qu’ils transmettent autour d’eux par la participation aux ateliers ou l’animation de clubs d’étudiants.

François Lieppe

Elève de seconde au collège Lavoisier, il a commencé le grec en troisième au collège Henri IV avec son professeur Madame Cécile Eghbal. Il anime actuellement un club d’hellénistes dans son lycée.

« La première fois que j’entendis parler de la Grèce, même si je n’en avais pas eu conscience, fut pendant mon année de CP, lorsque la maîtresse nous avait parlé d’un masque d’or ayant appartenu à un roi. Et puis, j’ai été fasciné par la mythologie : ses dieux, ses héros, ses crimes. Et maintenant, je me passionne pour l’antiquité grecque : les différentes civilisations, la politique, l’art, la philosophie… Je ne sais pas vraiment d’où vient cette passion pour la Grèce. C’est une chose naturelle, inexplicable. Pour l’instant. Mais je peux peut-être évoquer certains points qui expliquent approximativement ce que j’aime de la Grèce, d’une culture ancienne à l’origine du monde occidental.

La Grèce est aujourd’hui un pays à part entière, avec sa langue, sa culture, renommé pour ses paysages et son histoire. Certes, les sites antiques sont extrêmement fréquentés. Mais la plupart des touristes ne se contentent que de regarder les ruines et les statues, éventuellement de lire les explications s’il y en a. Mais pour réellement comprendre la majesté de ces sites, il faut les voir grâce à l’intelligence commune à tous qui, selon les grecs, faisait la grandeur de l’Homme.
Lorsque nous visitons les sites antiques, que ce soient des sanctuaires, des forteresses ou des cités, il faut comprendre qu’ils sont inscrits dans le temps. C’est de cela qu’il faut tenir compte et c’est pour cela que j’aime la Grèce, car c’est une civilisation immortelle de par son intemporalité grâce à son génie. Grâce à cette existence intemporelle, nous pouvons percevoir la vie des sites antiques lorsque nous les visitons. Nous pouvons imaginer les temples construits, les statues peintes ; observer les stades, les gymnases, visualiser dans le temps les athlètes qui s’y entrainent. Nous pouvons nous imaginer la vie courante des habitants sur l’agora : ici des enfants jouant sur les marches de la basilique, là un marchand vendant son vin tandis que l’orateur harangue la foule.Visualiser cet habitant qui ne se doute pas que, deux mille ans plus tard, il ferait l’objet de notre admiration. Nous pouvons percevoir, à travers le temps, cette sensation étrange que devaient ressentir les grecs sur ces sites, et que l’on ressent lorsque nous sommes dans un restaurant, une place de marché, voire au beau milieu de la nature, et que l’on se sent à sa place, comme protégé, faisant partie d’un tout. En observant, nous nous rendons compte de l’importance de ces lieux. Ici Agamemnon a été assassiné, ici Périclès s’est adressé à la foule, ici ont été jouées les pièces de Sophocle, d’Euripide, d’Aristophane… Ici Socrate s’est fait emprisonner. Et même, nous pouvons, dans certains sanctuaires, à Delphes surtout, ressentir l’ombre d’une atmosphère sacrée.
Je ne dis pas qu’il faille nécessairement percevoir ainsi les sites antiques, mais c’est ainsi que, personnellement, je les perçois. Car cette volonté des grecs de s’inscrire dans le temps témoignait de leur génie qui me fascine, typique de l’époque classique. Ils ne doutaient pas de la grandeur de l’Homme, qui avait dompté le feu, qui arpentait les mers et éventrait la Terre grâce à ses inventions. Ils recherchaient toujours la perfection dans leurs créations, que ce soit en sculpture, en architecture et même dans le théâtre. Mais, si pour eux la grandeur de l’Homme était évidente, ils jugeaient immoral, insensé, de la comparer à celle des dieux. Se croire égal aux dieux qui régissent l’Univers, le Cosmos, risquait, d’après eux, de renverser l’ordre de celui-ci. Ainsi, les grecs représentaient la juste mesure et la civilisation, celle-ci étant le contraire de la barbarie qui menaçait de déstabiliser l’ordre du monde. Je l’ai dit, cette pensée me fascine. Est-ce grâce à cette pensée que la civilisation grecque a eu un aussi important rayonnement, jusqu’à inspirer le monde occidental ? C’est de cet esprit que sont nés le théâtre, la démocratie, la philosophie, et même le mode de pensée de l’Occident. Je ne pourrai pas exposer la totalité de ce qui me fascine, ou qui me plaît, dans l’étude de la Grèce ancienne. Je pourrais parler de la comparaison des mythes et de la réalité, de l’archéologie qui permet de retrouver des sites mythiques, comme Troie ou le labyrinthe du Minotaure. La langue aussi, qui, certes, a inspiré une grande partie de notre vocabulaire mais qui, surtout, est intéressante car elle reflète, en quelque sorte, l’esprit grec de l’époque classique. Alors, pourquoi aimer le grec ? Car c’est une civilisation intemporelle, -on parle d’ailleurs du grec comme étant une langue ancienne et non une langue morte-, rendue immortelle par son génie et son esprit ingénieux, à l’origine du monde occidental. C’est une civilisation un peu arrogante par rapport à sa vision de l’Homme grec mais humble vis-à-vis de sa position dans l’Univers, c’est-à-dire inférieure aux dieux. Etudier la langue grecque permet la compréhension d’une civilisation qui structure l’esprit. Ainsi, c’est une langue accessible à tout le monde, intéressante pour tous ceux qui s’intéressent aux origines du monde. »

Elisabeth Lefèvre

Elève en master papyrologie à la Sorbonne (Paris)

Pourquoi j’aime le grec ?

« Avant d’étudier la langue grecque, j’ai étudié l’histoire et la mythologie grecque au tout début du collège et, dans le cadre d’un voyage scolaire en Grèce, j’ai appris l’alphabet. Ce furent mes premiers pas dans la langue grecque. En quatrième, en cours de latin, nous avons eu droit à une initiation au grec pour voir si ça nous plairait de le commencer l’année d’après et il ne m’en a pas fallu davantage !

Je crois que c’est en troisième, à ma première véritable année de grec, que j’ai commencé à envisager de continuer sérieusement dans cette voie, pas juste comme option. La langue m’attirait, ma professeure était captivante et les textes me plaisaient bien. J’ai donc continué au lycée, en parallèle d’une formation scientifique, et c’était l’une de mes matières préférées, non seulement parce que nous étions un bon groupe avec d’excellents professeurs mais aussi parce que là encore, la langue, la culture et l’histoire m’attiraient. Mais peu à peu, le bac approchait et, avec lui, le choix de l’orientation. Je pensais me diriger vers une école d’informatique et donc, abandonner le grec. En même temps, je me disais que l’archéologie pourrait aussi être une voie intéressante pour pouvoir étudier l’épigraphie. Et finalement, devant Parcoursup, après avoir coché les licences d’archéologie de Paris et de Nanterre, j’ai vu Lettres Classiques à la Sorbonne. Je m’étais toujours dit que je n’irais pas à cause de la littérature française qui ne m’attirait pas tellement. J’ai tout de même regardé la maquette des cours et, finalement, en voyant qu’il y avait tout de même beaucoup de grec et de latin alors pourquoi pas, après tout ? Je l’ai donc ajoutée à mes vœux.

Finalement, plus l’année passait plus j’étais sûre de vouloir poursuivre mes études dans le grec et le latin et quand. Le matin même de mon oral de grec pour le bac, j’ai vu que j’étais acceptée en Lettres Classiques, j’étais aux anges et je n’ai pas hésité un seul instant.

J’ai eu la chance de pouvoir suivre des cours de niveau L3 puisque j’avais déjà fait quatre ans de grec et que je me débrouillais bien. La professeure qui me les donnait m’a aussi initiée à la linguistique grecque et indo-européenne dans son cours d’option que je suivais, puis son cours de L3 auquel elle m’avait proposé avec deux amis de me rajouter. Entrer ainsi dans la structure même de la langue, dans son histoire, a été pour moi l’ouverture de la porte des merveilles, tandis qu’en parallèle, je suivais aussi en auditrice libre un cours d’épigraphie grecque. Les cours quant à eux prolongeaient notre parcours dans cette langue et dans cette culture, même s’ils demeuraient trop « historiques » et moins axés sur la vie quotidienne, sujet cher à mon cœur. En parallèle, j’ai aussi commencé à l’enseigner un peu, grâce au tutorat.

En L3 toutefois, nous avons eu droit à une initiation à l’épigraphie, à la paléographie et à la papyrologie. Cette dernière discipline, que je ne connaissais que de nom, m’a fait l’effet d’une révélation. Lire du grec écrit directement de la main des hommes de l’époque, lire des comptes, des contrats, des lettres… Nous n’avons eu que deux cours mais une demi-heure du premier a suffi pour que je sache que c’était ce que je voulais faire. En envoyant par mail mon partiel à l’enseignante, j’ai demandé au passage si elle prenait des élèves pour le master et elle co-dirige désormais mon mémoire avec un autre papyrologue de la Sorbonne.

Depuis mon entrée en master, je continue de m’enfoncer dans cette merveilleuse caverne d’Ali Baba que sont les études classiques, plus particulièrement en grec et, surtout, en papyrologie, avec les sources primaires, nettement plus vivantes à mes yeux que les éditions modernes. 

Alors pourquoi j’aime le grec ? Aucune idée. Je ne saurais pas vraiment justifier cet attrait. J’aime la religion grecque, la période hellénistique, j’aime la linguistique grecque, la traduction, la lecture des différentes écritures antiques, j’aime l’onomastique, les navires antiques, les échanges entre les langues et les cultures… J’aime le grec, quoi. »

Rachel Bréval

Elève de cinquième au collège Henri IV, elle a commencé le grec en CM1, à l’école primaire Victor Cousin (Paris 5), en suivant les ateliers Eurêka. Elle s’est inscrite en latin cette année et est impatiente de s’inscrire au grec en classe de troisième.

Pourquoi j’aime le grec ancien ?

« Quand j’avais 7 ans et j’étais en CP, j’ai appris à lire. L’une de mes premières lectures autonomes était un livre que j’avais acheté car il avait l’air intéressant. Ce livre était un livre de mythologie grecque, et à partir de ce moment, j’ai acheté énormément de livres sur ce sujet. La vie des grecs me semblait passionnante (et elle l’était !) et m’intriguait vraiment. J’avais vu d’autres personnes qui partageaient ma passion, c’était amusant d’échanger ses connaissances. J’ai toujours été une bonne élève qui aimait l’école. On me prenait au sérieux. Deux trois ans plus tard, j’ai vu des prospectus distribués qui venaient d’une association pour faire du grec ancien. J’en ai pris un et j’ai tout de suite voulu essayer. Mon père a bien sur accepté. En CM1, j’ai donc commencé les  cours de grec. Dès la première séance, j’ai accroché alors que l’on avait que découvert l’alphabet grec. Je l’ai recopié trois fois et je l’ai appris ! On faisait de la civilisation et j’adorais vraiment. Je prenais toujours une tonne de notes. Les adultes savaient parfois moins de choses que moi ! Je savais un autre alphabet ainsi que de nombreuses connaissances que j’accumulais. Même le confinement n’a pas arrêté le grec ancien. En CM2, on a travaillé les personnages grecs plus profondément. Les philosophes grecs, j’en rêvais presque ! J’arrivais à comprendre mieux. À la rentrée de sixième, j’ai commencé les cours particuliers et à faire de la langue. En cours particulier, j’allais beaucoup plus vite. Mais le grec  toujours aussi merveilleux !  En français, j’ai étudié Ésope. Comme j’avais dit à ma professeure que je connaissais un peu le sujet, elle m’a fait passer le cours suivant et j’ai raconté toute la vie d’Ésope. J’étais surprise de tout me souvenir. J’ai eu une excellente appréciation. 

Mais je n’oublierai pas que c’est uniquement grâce à ma magnifique et exceptionnelle professeure de grec ancien, qui a une pédagogie hors du commun. Personne n’aurait pu faire mieux qu’elle, et je n’aurais sans doute pas continué le grec ancien. 

Je continuerai le grec ancien encore très très longtemps. Le grec ancien m’a beaucoup ouvert de portes, et a contribué à faire de moi ce que je suis aujourd’hui »